Louis Pierre Dillais, colonel d’infanterie
Père de Marcel Louis Dillais et second fils de l’avocat Victor-Stanislas Dillais et de Pauline Caillebotte, Louis Pierre fait ses études à Louis Le Grand. Bachelier ès lettres en 1870, il entre à l’Ecole Polytechnique (promotion 1872-1873). Sa première affectation est le 22ème régiment d’artillerie, au grade de capitaine, à la commission des poudres. En 1880-1881, il obtient un congé et entreprend un tour du monde, qu’il doit écourter sans avoir pu visiter l’exposition universelle en Australie. De ces voyages, il laisse un très laconique journal et une série de lettres à ses parents et à son frère. Il en revient féru de culture japonaise et garde une forte impression de l’armée de ce pays,souvent sous estimée par les occidentaux. Il reprend sa place dans l’état major, commande de l’artillerie du 3ème corps d’armée, est promu chef d’escadron en 1895, puis lieutenant colonel d’artillerie en 1903 ; il prend sa retraite l’année suivante. Il épouse Charlotte Marion en 1887 et habite avec elle à Versailles (hôtel Lambinet, actuel musée de la Ville de Versailles). La jeune femme lui donne trois enfants, mais meurt prématurément en 1894, laissant un veuf éploré : jamais remarié, Louis Pierre Dillais vient tous les jours se recueillir sur la tombe de Charlotte. Je désire bien entendu, écrit-il dans son testament être enterré dans le cimetière de Versailles auprès de sa femme chérie. Je désire également que sa photographie soit placée dans mon cercueil.
En 1903, Louis Pierre Dillais quitte Versailles pour Auteuil, où il fait l’acquisition du 92 rue de Ranelagh (actuels bureaux de l’Ordre de Malte) dit le Ranelagh dans la famille (vendu en 1984). C’est là qu’il élève seul ses enfants : sa fille disait qu’il avait «été père et mère pour eux. Il passe sa retraite entre Paris et Biarritz et meurt à l’age de 67 ans ; Chevalier des ordres de Léopold (Belgique 1880), du Danebrog (Danemark 1881), de la Légion D’Honneur (1893), et de l’ordre du Lion et du Soleil (Perse , 1900)
Témoignages :
Louis Pierre Dillais avait une grande tendresse pour sa fille Jacqueline. « Ma petite fille chérie (écrit-il dans une lettre du 22 octobre 1916). Depuis hier et malgré tes injonctions, j’ai beaucoup pensé à toi . Je crois que c’est une mauvaise habitude que je conserverai jusqu’à mon dernier jour. Ce n’est pas là du nouveau, mais du nouveau, tu n’en attends pas de moi, dont tu connais la monotone et triste vis. Je t’embrasse des tas et des tas de fois.
Il s’efforça de transmettre à ses enfants sa droiture et sa rigueur morale, qu’illustre cette anecdote rapportée par sa fille. « Ma mère qui évoquait son père avec tendresse, racontait qu’un vieil ami se trouvant fort âgé et sans enfants voulut faire du colonel Dillais son légataire ; celui ci refusa avec indignation. Pourtant, son ami s’obstina et coucha sur son testament les enfants mineurs de mon grand-père (qui ne pouvait légalement s’y opposer), et ils touchèrent en effet cet héritage. Mais mon grand-père, déterminé à ne rien recevoir du prix de son amitié, versa une somme équivalente aux neveux du défunt, qui avaient toujours négligé leur oncle. Ils furent stupéfaits d’un tel désintéressement.
La bonté était l’un des principaux traits de caractère de Louis Pierre Dillais, qui répétait souvent qu’il vaut mieux faire l’aumône à un faux mendiant qu’en oublier un vrai ; il disait aussi qu’on ne doit jamais frapper une femme, même avec des fleurs.