Henri-Stanislas ROUART
Henri Rouart est le fils d’Alexis-Stanislas Rouart, neveu et associé de Gervais Dillais (arrière grand père de Jacqueline Dillais). Henri fait ses études à Louis-Le-Grand, où il est condisciple de Degas. Il entre ensuite à l’Ecole Polytechnique(1853), mais il a moins le goût des armes que celui des arts, qui le pousse à fréquenter l’atelier de Corot. Peintre aux modestes talents, il brille davantage en tant qu’ingénieur : il est l’inventeur du pneumatique (un système de tubes à air comprimé qui permettait de faire circuler à grande vitesse dans Paris des lettres et des messages et des procédés de refroidissement dont il équipe la morgue de Paris. Spécialiste du fer creux, il dirige des usines métallurgiques et fait fortune. Il est bientôt assez riche pour se constituer des collections admirables de peintures française et espagnole (encore que la plupart de ses tableaux ont été achetés à vil prix) : Millet, Daumier, Delacroix, Corot et Courbet y côtoie le Greco, Velasquez et Goya. Henri Rouart est surtout connu pour avoir été le mécène des impressionnistes : ami de Renoir et Degas (qui fit huit portraits de Rouart) il a collectionné leurs toiles avec celles de Mannet, Cézanne ou Gauguin. Rouart avait le don de découvrir le génie d’artistes alors méconnus, devenus par la suite très célèbres. D’Helèle Jacob-Desmalter ( de la célèbre famille d’ébénistes) il a six enfants . Il meurt en 1913 à 79 ans.
Témoignages :
Paul Valéry ( dont la fille épousa un Rouart) était familier du salon d’Henri Rouart, sur qui il écrivit ces lignes « dans Degas, danse, dessin « « j’ai connu Degas chez M. Henri Rouart, introduit dans la maison par un de ses fils. Cet hôtel de la rue de Lisbonne n’était, depuis le seuil jusqu’à la chambre la plus haute que peintures exquisément choisies. Le concierge lui-même, gagné à la passion de l’art, avait couvert les murs de sa loge de toiles parfois bonnes qu’il achetait à la salle des ventes où il fréquentait aussi studieusement que d’autres serviteurs font le champ de courses. Quant il avait eu la main très heureuse, son maître lui rachetait le tableau qui passait promptement de la loge aux salons. J’admirais, je vénérais en Mr Rouart la plénitude d’une carrière dans laquelle presque tourtes les vertus du caractère et de l’esprit se trouvaient composées. Ni l’ambition, ni l’envie, ni la soif de paraître ne l’ont tourmenté. Il n’aimait que les vraies valeurs qu’il pouvait apprécier dans plus d’un domaine. LE même homme qui fut un des premiers amateurs de son temps, qui goûta, qui acquit prématurément les ouvrages de Millet, des Corot, des Daumier, des Manet et du Greco, devait sa fortune à ses constructions de mécanique, à des inventions qu’il menait de la théorie pure à la technique et de la technique à l’état industriel. La reconnaissance et l’affection que je garde à Mr Rouart ne doivent point parler ici. Je dirai simplement que je le place parmi les hommes qui ont fait impression sur mon esprit.
Notes :
Parmi les descendants d’Henri Rouart, sa filleule Jacqueline Dillais est apparentée à Paul Valery, Berthe Morisot, Julie Manet ou encore l’académicien Jean-Marie Rouart.
http://www.journaldespeintres.com/henri-rouart-loeuvre-peinte-au-musee-marmottan/
https://www.annevalleryradot.com/renoirrouart-lerolles-vallery-radot
Ce polytechnicien fut aussi un peintre amateur et un très grand collectionneur. Nombre de tableaux qui lui ont appartenu sont aujourd’hui conservés dans les plus grands musées, dont le Louvre et le musée d’Orsay. Degas a voulu symboliser cette activité dans un portrait intime, montrant Henri Rouart fumant le cigare devant un mur couvert de tableaux.
C’est entre l’été 1895 et 1896 que Degas éprouve un engouement soudain pour la photographie. Bien que celui-ci soit tardif et limité dans le temps, il pratique cette activité avec passion. Contrairement à ses contemporains, qui travaillent en général en lumière naturelle, Degas se consacre exclusivement à des scènes réalisées dans des intérieurs aux rideaux fermés. Il recherche, et il s’est exprimé maintes fois par écrit à ce sujet, les éclairages indirects et les effets de clair-obscur. Ici, seules la figure et les mains de Rouart sortent de l’ombre
